Mon accident de moto

et ses suites ou comment perdre la vie (que 2 ans de sa vie avec beaucoup de chance)

Le 22 juin 2009 à 7 h 30 sur la route de Carcès

Je suis motard depuis plus de 25 ans donc pas un novice, et avec plusieurs motos à mon actif, la dernière un 650.

Malgré cela… J’ai été victime d’un accident de moto au mois de Juin 2009 qui aurait dû être mortel. En effet à 7h30 en allant travailler j’ai percuté une voiture qui venait en sans inverse. Je suis sortie limite axe médian et la voiture roulait elle aussi très prêt du même axe médian de la route. Ce qui a eu pour effet une collision spectaculaire ! La voiture roue avant gauche arrachée et ma moto explosée !

Heureusement pour moi, j’étais équipé comme un VRAI MOTARD :

  • Un très bon casque (je ne veux pas faire de publicité mais mon CABERG m’a sauvé la vie
  • Un vrai blouson avec protections, dorsale, coudes, épaules
  • Des bons gants d’été
  • Un jeans
  • Des baskets de skateur très robuste

Et pas comme je les vois ces inconscients en short et tong

Je partais travailler, quand arrivé au bout du chemin qui rejoint la route, une voiture me fait appel de phare (voulant me dire : « ne sort pas »), compte tenu de la ligne droite importante à cet endroit la, je savais bien que j’avais largement le temps. Courageux mais pas téméraire, je suis sortis mais j’ai plus accéléré que d’habitude pour ne pas faire ralentir la voiture. Ce qui à eu pour effet de me faire finir la ligne droite avec une vitesse confortable, pour attaquer la légère courbe sur la droite ou je découvre une voiture qui roulait moins vite que moi.

En une fraction de seconde, je décide de la doubler, et à ce moment précis, j’en découvre une deuxième !!

La, lancé, entrain de doubler la première, je mets plein gaz pour doubler les deux avant la courbe. Courbe qui se prend sans difficulté particulière à grande vitesse, ce qui n’était pas mon cas, je ne sais dire mon allure mais très légèrement au dessus de la limitation avant le « plein gaz » pour me sortir de la !

Je compris vite que ça allait être juste ! D’autant plus que la deuxième voiture que j’étais en train de doubler n’était pas très à droite, donc moi encore moins ! L’entrée dans la courbe fut délicate, car il faut coûte que coûte sortir à droite. Donc cela implique de réduire les gaz, mais pas trop pour avoir toujours de l’adhérence et coucher la moto au maxi pour garder la droite en sortie.

Manœuvre que j’ai surement due, mal effectuer, car ce qui devait arriver arriva.

J’ai vu en face, une voiture qui arrivait, et qui roulait sur la bande blanche. J’ai compris que s’il ne faisait pas un écart c’était la collision garantie ! Je n’ai pas eu de chance, car c’était un couple de personnes âgées qui n’ont rien vu ni rien compris. Ils avaient le soleil de face et n’ont pas eu le temps de donner LE COUP DE VOLANT que j’espérais !!

Je me rappelle avoir entendu un bruit de bouteille plastique que l’on compresse comme quand on veut réduire son volume en chassant l’air.

Lorsque je comprends que j’ai eu un accident, je suis couché sur le sol, et une personne est penchée au-dessus de moi. Je lui demande de redresser ma moto, car je ne veux pas qu’elle s’abime à terre. Il ne m’entend pas bien, donc je décide d’ouvrir mon casque modulable en appuyant sur un bouton au niveau du menton, mais je n’y arrive pas ! Je regarde alors ma main droite et je vois que mon pouce à disparu !!

Là ! J’ai compris que c’était grave !!

J’ai voulu me lever, et rien ne répondait ! Sans aucune douleur j’avais l’impression d’être dans du coton et j’entendais de moins en moins, puis plus rien !

J’ai perdu connaissance.

On m’a raconté que mon pied gauche calait mon casque, et que ma jambe droite était à 90°. Un petit tour d’hélicoptère pour m’évacuer et une transfusion, car je perdais beaucoup de sang m’ont permis de pouvoir vous raconter mon histoire.

Quant à moi, 9 fractures :

  • 2 fractures aux fémurs, dont une double fracture ouverte ;
  • 1 fracture du tibia ouvert ;
  • 1 fracture péroné ;
  • 2 fractures aux annulaires ;
  • 1 fracture d’une vertèbre cervicale C4 ;
  • Fractures de côtes ;
  • Fracture et arrachement ligamentaire du pouce.

Après l’héliportage sur l’hôpital St Anne  à Toulon, j’ai fait 1 arrêt cardiaque, j’ai été transfusé avec environ 2 litres de sang (un humain adulte est doté d’environ 5 litres) sur la route puis au bloc un deuxième arrêt cardiaque et deuxième transfusion, les médecins donnaient à ma famille 10 % de chance de sur vie, 72 h de réanimation avec retour au bloc dès que mon cœur s’est stabilisé , pour finir l’opération, car trop de moelle osseuse dans le sang et chute des plaquettes !

Quand j’ai repris connaissance, mes 3 chirurgiens et oui 3 ( un pour les mains et un par jambe) m’ont dit que mon équipement m’avait sauvé la vie et m’ont demandé la marque de mon casque !

Pardon pour la pub, mais je leur dois la vie

J’ai fait 1 mois d’hôpital, avec une minerve, 4 orthèses une par jambe et une par main, 3 mois de rééducation à Léon Bérard Hyères.

Je suis un miraculé !

Pratiquement 2 ans après, je continue d’aller d’opération en opération.

J’ai eu une algoneurodystrophie (Lalgoneurodystrophie ou algodystrophie est un syndrome douloureux caractérisé par un ensemble de symptômes, dont les sensations de cuisson, touchant des articulations après un traumatisme ou une intervention chirurgicale même minimes) de la cheville gauche, car à gauche 2 fractures au fémur et 2 au tibia et péroné ce qui fait beaucoup à recalcifier. C’est douloureux et surtout cela peut aller jusqu’à la fracture de la cheville, c’est LA DÉCALCIFICATION de la cheville. Le traitement a été efficace, mais très douloureux. Son nom est AREDIA : c’est de la chimiothérapie ciblée que l’on administre en perfusion, j’en ai eu trois espacées d’un mois. Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi on les espace !

Cela se fait à l’hôpital  en ambulatoire pour la première et en 4h de perfusion toujours pour la première. Mais j’ai demandé à changer le protocole pour les suivantes. En effet une petite perfusion de PERFALGAN et hop AREDIA, déjà le produit est légèrement douloureux lors de son passage, surtout vers la fin, puis 3 h après un mal de tête apparait et la c’est la que commence les choses sérieuses.

Courbature comme pour la grippe, mais puissance dix, fièvre, douleur insupportable, mal de dos, sensation de grand froid, maux de tête insupportables. Et cela dure plus de 48 heures ! C’est physiquement très éprouvant, j’ai mis deux semaines pour m’en remettre, et une de plus pour aller vraiment bien comme si rien ne s’était passé. Voila pourquoi une par mois ! J’ai fait une vénite,( inflammation de la veine très douloureuse qui par de l’endroit de la perfusion jusqu’à l’épaule) qui ne se soigne pas, sauf avec des antalgiques, du temps et du repos.

Quant à la deuxième, j’ai demandé un aménagement de protocole pour réduire les effets secondaires, donc dilution du produit et augmentation du temps de passage dans le corps. Le double. Les effets secondaires sont moindres, mais encore violents. La troisième s’est faite durant toute la nuit avec un produit encore plus dilué, là, cela a été supportable.

Résultat des trois injections ma décalcification s’est stoppée.

Par-dessus ça j’ai fait une Pseudarthrose du tibia gauche !! (Absence de consolidation de deux fragments osseux survenant après une fracture. On voit alors apparaître à ce niveau des mouvements anormaux dont l’amplitude est plus ou moins importante. Le cal osseux ne se forme pas.), donc des douleurs.

Le port d’un appareil de marque Orthofix qui est un « physio-stim » (stimulateur de la consolidation osseuse par champs électromagnétiques pulsés) que je dois porter 3 h par jour depuis presque 2 ans, les médecins disent que vous pouvez marcher avec. C’est faux !! Je ne peux rien faire durant ces trois heures, car au mollet il glisse et ne reste pas en place, même en serrant la sangle très fortement.

Pratiquement 2 ans après mon os n’est toujours pas consolidé, à la dernière radio 50 %  de consolidation. Donc port obligatoire d’une orthèse de Sarmiento :

Indications : Entorse grave avec arrachement ligamentaire. Fracture mal consolidée après l’ablation d’un plâtre ou du fixateur externe.

Prescription : Guêtre en matériau thermoformé avec coque talonnière.

Il faut porter ce denier jouet pendant une durée indéterminée! C‘est la radio qui déterminera quand l’enlever !

Voila tous ces soucis de santé parce que « je n’ai pas voulu laisser passer la voiture qui me faisait appel de phare » !!!

Alors si vous êtes motard, pensez à tous ces inconvenants en mettant les gaz, car après c’est trop tard !!